Défi "janvier sans alcool" pour reposer son organisme après les fêtes


02 janvier 2020

Êtes-vous capable d’arrêter l’alcool, ou au moins de réduire votre consommation, pendant un mois ? C’est le « Défi de janvier » que proposent, depuis hier, une trentaine d’associations de santé publique et d’addictologie sur le modèle d’une opération anglaise, au grand dam du lobby du vin. « C’est une campagne mobilisatrice, ludique, pour s’essayer individuellement et collectivement à une pause pendant un mois, après la période des fêtes », a expliqué Nathalie Latour, déléguée générale de la Fédération addiction, l’une des associations organisatrices. Mais l’initiative n’est pas du goût des alcooliers. « Étape après étape, il s’agit d’arriver à l’interdiction de consommation, c’est ça qui est derrière », juge Bernard Farges, président de la CNOAC, une confédération qui regroupe 70 % des viticulteurs du pays.

Le monde du vin sur le pied de guerre

Adaptation de l’opération Dry January (littéralement « Janvier sec ») lancée en 2013 en Angleterre, le « Défi de janvier » est depuis des mois dans le collimateur du secteur de l’alcool, et en particulier du monde du vin. Selon les associations organisatrices, le projet, inédit en France, aurait initialement dû être porté par l’Etat. Mais elles accusent les autorités sanitaires d’y avoir renoncé mi-novembre, après une rencontre entre Emmanuel Macron et les producteurs de champagne. Le 16 décembre, le conseil municipal d’Epernay, haut lieu du prestigieux vin pétillant, a même adopté un voeu pour marquer son opposition au « Défi de janvier », assimilé à de la « prohibition ». « Il n’y a aucune volonté de prohibition ni d’abstinence totale, ce n’est pas du tout une campagne moralisatrice ni hygiéniste, se défend Nathalie Latour. Ces produits ont une place importante dans la culture française. Mais il faut équilibrer les enjeux économiques, sociaux et de santé. » Ce défi « s’adresse à la population générale et pas aux personnes dépendantes, qui ne peuvent pas s’arrêter comme ça », précise Nathalie Latour. Selon les addictologues, 80 % de l’alcool vendu en France est consommé par seulement 20 % de la population.

Le « Défi de janvier » s’appuie sur un site Internet (dryjanuary.fr) où l’on peut s’inscrire et trouver des dépliants et des posters. « Les restaurants, les collectivités qui le souhaitent peuvent les imprimer et les afficher », selon Nathalie Latour. On peut également y télécharger une application en anglais baptisée Try Dry. Créée par l’association Alcohol Change, à l’origine du Dry Januar y anglais, elle permet d’aider à atteindre ses objectifs. Pour cette première édition, Nathalie Latour espère «atteindre les mêmes chiffres qu’en Angleterre en 2013 », soit 4 000 inscrits sur le site. Bien sûr, certains peuvent participer au défi sans être inscrit. Selon elle, ce type de campagne existe dans 14 pays, dont la Belgique (où elle s’appelle « Tournée minérale »). « Les résultats sont intéressants, à court et moyen/long terme : les personnes qui ont participé arrivent ensuite à mieux réguler leur consommation d’alcool », assure Nathalie Latour.

41 000 morts par an

Au rang des bénéfices attendus, le site internet mentionne une « meilleure santé » en général, avec une peau « fraîche et belle » , un sommeil « amélioré », une « perte de poids », sans oublier une « économie d’argent » . Les organisateurs du « Défi de janvier » rappellent en outre que la consommation d’alcool est à l’origine de nombreuses maladies (cancers, maladies vasculaires, etc.) et est responsable de 41 000 morts par an, ce qui en fait la deuxième cause de mortalité évitable après le tabac (75 000).